Art sacré : à la plus grande gloire de Dieu ?

À découvrir : ART SACRÉ AU XXe siècle (II)

Nous proposons dans cette réflexion un retour sur la façon dont les artistes ont, au XXe siècle, tenté de renouveler l’esthétique de l’architecture et de la décoration des églises, abbayes, monastères, en insufflant dans leurs pratiques une modernité qui n’effaçait pas le caractère religieux de leurs œuvres ni, pour les plus fervents d’entre eux, son caractère sacré : des luttes ponctuées de scandales et d’incompréhensions.

Art sacré, art religieux, art moderne : le débat du XXe siècle

En leur temps, les bâtisseurs de cathédrales et dans leur sillage les artistes qui ont décoré les églises étaient soucieux de pédagogie et de représenter le visage du Christ, de la Vierge, ses saints et martyrs, aux fins de proclamation de l’Évangile et de la foi catholique.

Pie X avait exprimé en son temps le souhait qu’on permît aux chrétiens de « prier sur de la beauté ». Dès 1872, une « Société de Saint Jean pour le développement de l’art chrétien » avait été fondée, qui essaima à Lille (en « Société de saint Marc », 1925) et à Perros-Guirec (« Atelier breton d’art chrétien », 1927).

Après le tumulte de la loi de 1905, d’autres associations virent le jour, en vue de fixer des règles concernant l’architecture et la décoration des églises, à la suite de Maurice DENIS, auteur des « Théories » (1890-1910)1 : ainsi la Société « Les Catholiques des Beaux-Arts » fondée en 1907 et qui se dota en 1926 d’une section féminine dont une figure marquante fut Marthe Flandrin2, nièce du peintre Hippolyte Flandrin. Quelques années plus tard, la nécessaire reconstruction matérielle de l’après Première guerre mondiale stimula ces recherches et d’autres associations ou groupes de travail virent le jour, portant la même exigence : que les créations, si abstraites et « modernes » fussent-elles dans leur esthétique (jusqu’à faire scandale comme le Christ à la colonne de Desvallières3(1910)), fussent marquées du caractère chrétien et étayées de spiritualité chrétienne.

L’effervescence créative des années 1906-1920

Le Groupe des « artistes et artisans catholiques des Beaux-Arts » fondé par Paul Regnault en 1909, présidé par l’architecte Paul Tournon, se définissait comme un « groupement corporatif et religieux dont le but est la Beauté » et permit au verrier Louis Barillet, aux peintres en vitrail Jean Hébert-Stevens et Marguerite Huré, d’exposer au Village français de l’exposition internationale des arts décoratifs industriels et modernes en 1925, dont le pavillon des vitraux fut le plus visité.Paul Tournon fut un réel promoteur de l’art sacré « moderne » , très impliqué dans la « mission » de pédagogie et de communication auprès de la hiérarchie ecclésiastique : on lui doit la « chapelle des missions » de l’Exposition coloniale internationale de 19314, ainsi que le « Pavillon pontifical »de l’exposition internationale des arts et techniques de 1937.

L’Arche (1918) réunit deux architectes dont un clerc (Dom Bellot), la peintre Valentine Reyre et les sculpteurs Henri Charlier et Denise PY, l’orfèvre Luc Lanel, les architectes Jacques Droz et Maurice Brissart et la brodeuse Sabine Desvallières, fille de George Desvallières et religieuse clarisse, sous la coordination de Maurice Storez, lui-même peintre, historien, musicien et choriste. Le rayonnement spirituel devait être lié à une certaine austérité esthétique. « Parce que l’Arche est le premier navire construit pour résister au Déluge, or à nos yeux le Déluge, c’est le désordre et nous voulons passionnément l’ORDRE ; le Déluge, c’est l’ANARCHIE, c’est l’Individualisme, fruit du schisme du XVIe siècle, qui en séparant l’homme de Dieu pour en faire une nouvelle divinité, en instituant le subjectivisme comme critère du Beau et du Vrai, nous a plongé dans l’anarchie artistique dont nous souffrons tous » écrivait Maurice Storez5. Et Maurice Denis toujours pionnier d’ajouter : « «la foi personnelle de l’artiste (…), son expérience religieuse ont le pouvoir d’informer son imagination, de l’exalter, de la renouveler et de lui arracher des inventions qui touchent l’âme comme des cris du cœur »6

Les « Artisans de l’Autel » (1919) que rejoignit Paul Tournon, permirent au sculpteur spécialiste du mobilier d’église Paul Croix-Marie, à son confrère Dufrasne, au verrier et mosaïste Le Chevallier de travailler ensemble, en privilégiant les matériaux modernes.

Les Ateliers d’art sacré (1919) de George Desvallières et Maurice Denis, qui rassemblèrent Pierre Dubois, Robert Boulet, François Quelvée, Édouard Goerg et Valentine Reyre, avaient pour ambition de fonctionner comme une sorte de guilde médiévale afin de valider une production artistique qui devait refléter l’expérience religieuse et la foi des artistes, et de former des artistes chrétiens. Le programme de formation comportait des enseignements de dessin et de techniques artistiques (hors vitrail) aux côtés des enseignements religieux et de la liturgie. Parmi leurs réalisations figurent la chapelle du Collège Saint Michel de Picpus de Paris et l’église Notre Dame de la Consolation du Raincy en région parisienne (1923)

Notre Dame du Raincy Marie guidant à la victoire de l’Ourcq, 1914

La revue « l’Art sacré » : une référence (1935-1969)

Cette revue fondée en juillet 1935 par Joseph Pichard (1892-1973), critique d’art, avait pour ambition de mettre en valeur les artistes des « Ateliers d’art sacré » mais aussi de contribuer à des échanges féconds avec la création contemporaine : peintres, fresquistes, ferronniers, dinandiers et verriers, et de donner au clergé des bases de culture artistique.

La reprise de la revue par les Editions du Cerf en 1936, sous la direction du Père Marie-Alain Couturier (1897-1954), peintre et verrier, et Raymond Pie Régamey (1900-1996), historien de l’art, tenta de favoriser une renaissance de l’art chrétien en sensibilisant ses lecteurs, clercs et laïcs, à la valeur religieuse des œuvres modernes .Volontairement interrompue pendant la guerre que le père Couturier passa aux États Unis, la publication reprit en juillet 1945 .Elle traita de sujets aussi variés que « L’éclairage des églises » (Dom Pierret,osb, 1946), « problèmes de musique sacrée » (hors-série de 48 pages sous la direction du R.P. François Florand, 1946) ou « programme d’éducation artistique du clergé », en créant deux collections supplémentaires «  Nefs et clochers » et « L’art et Dieu » .

On pouvait traiter dans le même numéro, en noir et blanc, de Rouault, d’Henri Charlier et de Dom Robert (enlumineur et tapissier de l’abbaye bénédictine d’En Calcat (Tarn), et publier une étude critique de représentations contemporaines de la Crucifixion, comparant les œuvres du peintre Manessier7, d’Yves Alix et d’André Marchand, aux tableaux de Grünewald à Colmar et Karlsruhe, commentant avec emphase :

« On n’exagérera jamais le tragique chrétien. Des œuvres qui ne nous disent aucunement que le Christ est vainqueur de la souffrance et de la mort, et que le -mystère de notre souffrance et de notre mort est celui de notre Résurrection, des œuvres qui ne nous disent aucunement cela, mais qui au contraire retournent le mystère du salut en un pur et simple désespoir, ne sont pas chrétiennes. (…) ne nous lassons pas de répéter qu’une œuvre, pour être chrétienne, doit parler par les moyens proprement picturaux, aux yeux de la foi au-delà des yeux de la chair. (..) plus on dit aux yeux de chair que la Croix est abjecte, plus on doit dire, dans le même regard, aux yeux de la foi, qu’elle est le mystère de l’espérance. »8

La revue devint un organe de réflexion artistique et de spiritualité, d’une présentation très soignée en noir et blanc et commença de faire place aux grands débats artistiques de l’après-guerre à la faveur de la reconstruction. Après le décès du Père Couturier, elle fut confiée aux P. Jean Capellades et Cocagnac et monta à plusieurs milliers d’abonnés malgré la concurrence d’une autre revue de Joseph Pichard « Art chrétien ». Restée sans équivalent, elle a cessé de paraître en 1969.

La « querelle de l’art sacré » : après la deuxième guerre mondiale

Le père Marie-Alain Couturier encouragea à son retour en France des chantiers « novateurs » au moment de la reconstruction d’après-guerre, et spécialement celui de Notre Dame de Toute Grâce en Savoie. Autour de l’architecte Maurice Novarina, intervinrent les peintres Fernand Léger,Pierre Bonnard, Georges Braque , Marc Chagall, Ladislas Kijno et Henri Matisse , les sculpteurs Germaine Richier et Jacques Lipschitz, le tapissier Jean Lurçat, les peintres Jean Bazaine, Georges Rouault et le P. Couturier lui-même pour les vitraux, les vitrailliers Paul Bony et son épouse Adeline Hébert-Stevens , et Marguerite Huré.

L’ensemble d’une totale abstraction dérouta tant que le Christ de Germaine Richier, déposé à la demande de l’évêque d’Annecy quelques mois seulement après la consécration de l’église en 1950, n’y reprit sa place qu’en 1971. La revue de La Pierre-qui-Vire, ZODIAQUE, publia dans son premier numéro (mars 1951) à un plaidoyer pour l’art sacré abstrait , et le Père Raymond Pie Régamey lui-même a consacré un ouvrage à « La querelle de l’art sacré , Art sacré au XXe siècle ? » en 1952 .Il y mentionne et commente aussi la chapelle dominicaine de Vence et l’église du Sacré Cœur d’Audincourt ( voir page suivante) , faisant échos à ses propos de 1945 dans « La Revue de l’art sacré » : « oui, notre principale raison d’être est bien de travailler à la beauté de la maison de Dieu. Mais l’art sacré doit être vivant. Les œuvres les plus intéressantes de notre temps sont affectées par les crises de la foi, de l’espérance et de l’amour ».

Et Alfred Manessier d’insister : « Il nous faut accepter avec amour notre époque dans la totalité de ses manifestations et de ses rêves et essayer de les vivre à la lumière de l’Évangile. (…) Les matériaux sont là ; à la lumière évangélique de les éclairer, de les magnifier, de les transfigurer par notre vie intérieure. »9

Quelques années plus tard, le Pape Pie XII, s’adressant aux artistes italiens10, « vous à qui il est donné de parler un langage » assurait que vouloir séparer la religion et l’art était une erreur. « L’art s’élève à l’idéal et à la vérité artistique avec une probabilité d’heureux succès d’autant plus grands qu’il reflète avec une plus grande clarté l’Infini et le divin. Ainsi, plus l’artiste vit la religion, et mieux est-il préparé à parler la langue de l’art, à en entendre les harmonies, à en communiquer les frémissements ». Et de qualifier l’artiste chrétien d’élu, « parce que c’est le propre des Elus de contempler, d’apprécier et d’exprimer les perfections de Dieu », en proposant aux artistes la mission d’éduquer les esprits à la délicatesse et au goût du spirituel.

Bibliographie

Françoise Perrot « Art sacré » (Encyclopaedia Universalis)
Françoise Caussé « les artistes, l’art et la religion en France. Les débats suscités par la revue « L’art sacré » entre 1945 et 1954, thèse de doctorat Université de Bordeaux, 1999.
M-A Couturier « Art sacré »(textes choisis par Dominique de Ménil et Pie Duployé) Neuchâtel, 1983.
Sabine de Lavergne « Art sacré et modernité. Les grandes années de la revue « l’Art sacré », Editions Lessius , 1998.
R.P. Régamey « La querelle de l’art sacré », Cerf,1951.
R.P. Régamey « Art sacré au XXe siècle ? » Cerf, 1952.
Marie-Alain Couturier « Art et catholicisme, chroniques », 1945.
Hélène Guéné « L’Arche, un moment du débat sur l’art religieux,1919-1934 », revue « Chrétiens et Société » année 2000.

Passage Radio Courtoisie du vendredi 13 janvier 2023

Art sacré sur les ondes
Suite à l’article publié par Catherine Jeulin dans la revue Una Voce de septembre-octobre 2022, « Art sacré au XXe siècle » consacré au renouveau de l’art sacré au cours de la première partie du XXe siècle, Radio Courtoisie a interrogé Catherine Jeulin dans le cadre de son émission hebdomadaire consacrée aux artistes et artisans exerçant leur art dans la décoration des églises, le mobilier et les habits liturgiques.

Radio Courtoisie – Libre journal des artisans du 13 janvier 2023 – Durée : 32 min
Lien de l’émission : https://www.radiocourtoisie.fr/2023/01/13/libre-journal-des-artisans-du-13-janvier-2023/

Article publié dans la revue Una Voce n°338 de Septembre – Octobre 2022

  1. Maurice Denis (1870-1943) fit suivre en 1922 cet ouvrage de « Nouvelles théories. Sur l’art moderne, sur l’art sacré,1914-1921 »
  2. Peintre, sculpteur et céramiste,elle a réalisé avec Elisabeth Faure de vastes compositions murales, dont « La vie de Sainte Catherine de Sienne » à l’église du Saint Esprit de Paris.
  3. Voir le numéro 336 de la revue UNA VOCE
  4. L’ensemble fut remonté après l’Exposition à Epinay-sur-Seine et consacré sous le vocable de « Notre Dame- des -Missions-du-cygne-d’Enghien en 1932.
  5. Fonds Storez, cité par Hélène Guéné.
  6. Manifeste du Parti de l’Intelligence, 1919.
  7. Alfred Manessier (1911-1993), peintre et vitraillier converti au christianisme en 1943 après un séjour à la Trappe de Soligny, est considéré comme le créateur de la peinture sacrée abstraite dans la lignée de Rouault (1871-1958). La hiérarchie catholique demanda sans succès la dépose des premiers vitraux abstraits réalisés par lui en 1947 pour l’église des Bréseux,( Doubs).
  8. « Cahiers de l’art sacré », numéro 3 après reparution, 3° T 1945.
  9. Interview d’Alfred Manessier sur l’art sacré, 1948.
  10. « Allocution aux artistes italiens », 8 avril 1952

Rupture de carburant

« Rupture de carburant, veuillez nous excuser » Pour commenter l’affichette en vue dans des stations-service rationnées, un media numérique commente « Les ressources en stock n’arrivent plus à suivre. Cela entraîne une pénurie de carburant : de nombreux automobilistes rebouchent chemin après avoir lu l’affiche ».

Le sceptre du prince

Avant Charles III, Ottokar de Syldavie en a eu un orné comme il se doit de pierreries, qui fit courir Tintin, Milou et sa fine équipe à l’Est de l’Europe…. Pauvre prince, c’est donc avec un fantôme qu’il va se battre, à peine intronisé Roi d’Angleterre. La fréquentation du château en Écosse a favorisé sans nul doute l’apparition de ce spectre !

Emmanuel s’en va-t’en guerre

Vu sur BFM, dans la ligne défilante sous l’écran commentant la retransmission de l’interview d’E. MACRON dans un avion le 22 septembre :
« Alerte INFO : les objectifs restent les mêmes : la dématérialisation et la dénucléarisation de l’Ukraine ».

On déduit qu’il s’agit de la dématérialiser si on regarde attentivement : ce qui ne doit être le cas d’aucun spectateur !

C’est sûr que, nucléarisée, l’Ukraine s’expose à être dématérialisée ! Plus besoin dans ce cas, de la démilitariser.

Cela s’appelle un contresens, et celui-ci serait beau si ce n’était pas si tragique.

Dom André Bouton, Moine Imagier (1914-1980)

Les manuscrits enluminés par les moines dans les abbayes bénédictines destinés à une riche clientèle royale et seigneuriale ont permis de développer une créativité, un génie inventif en matière d’illustration des textes sacrés, que les moines n’ont pas hésité à mettre dès le Moyen Âge au service de l’édition d’indulgences et d’images gravées sur bois destinées à tous ceux qui ne pouvaient acquérir de luxueuses œuvres d’art.

C’est dans cet art « populaire » qu’excella le moine André Bouton dit « FRAB », passionné de dessin, qui était entré à l’abbaye Saint Paul de Wisques à 20 ans et fut ordonné prêtre à Orléans en 1940, juste avant d’être mobilisé. Ayant été blessé et fait prisonnier, il s’évada de l’hôpital où il était soigné en Belgique et séjourna un an à l’abbaye Saint Pierre de Solesmes. C’est là qu’il commença à publier des chroniques de guerre pour soutenir les moines prisonniers par des récits illustrés de la vie de la Communauté. Après la guerre, il développa à Wisques un atelier de céramique, puis épanouit son talent de graveur dans les ateliers d’art de l’abbaye, réalisant des miniatures et des images peintes à la main et recherchant des techniques de reproduction faciles, ce qui l’amena de la gravure sur bois à la linogravure (technique de gravure en taille d’épargne sur linoléum).

Il quitta Wisques en 1949 pour le Maghreb : en Algérie et au Maroc où il décora des églises avec son frère Jacques, et accompagna la fondation du monastère de Tlemcen sous l’impulsion de Dom Raphaël Walzer (de Beuron, Allemagne). Diplômé de l’École biblique de Jérusalem en 1963, il a réalisé dans cette ville les fresques de la chapelle abbatiale de la Dormition (Bénédictins de Beuron extra congregationes, dépendant directement de la confédération bénédictine). Il poursuivit son apostolat au Vietnam où il a décoré une dizaine d’églises dont les cathédrales de Pusan et de Daejeong. Rapatrié en France (à Wisques) en 1977 alors qu’il se trouvait au Japon, il est décédé à Lille en 1980.

La « Règle de Saint Benoît » illustrée

L’éditeur Goossens, spécialisé dans les beaux livres au sein de sa maison Le Grenier à Sel, souhaitait publier une Règle de Saint Benoît à l’occasion du quatorzième centenaire de la mort de saint Benoît. Ce code monacal vénérable n’avait plus fait l’objet d’une présentation artistique luxueuse depuis les tout premiers incunables de Venise et Paris (XV- XVIe) et l’édition Regula emblematica de 1780 de Melk (Dom Gallner).

Ayant retenu le texte de Dom Calmet (1734), l’éditeur souhaitait que le graveur fût très au fait du sujet : la recherche d’un bénédictin talentueux en linogravure ne pouvait qu’aboutir à Dom Bouton. La maîtrise de sa technique du clair-obscur qui a satisfait l’éditeur peut déconcerter par sa facture très « moderne », tempérée par des lettrines rouges plus classiques. Le texte est présenté en français et latin (le latin en italiques) en caractère « Garamond ». Le coffret est en trois couleurs, gravé d’effigies de saint Benoît et sainte Scholastique dans la manière des estampes populaires que Dom Bouton maîtrisait aussi très bien. Sa facture est très représentative de l’« art sacré » : l’artiste et le religieux au service du Beau.

Image funéraire inspirée de Péguy, Dom Bouton

Bibliographie

« Frab, Frère André Bouton moine et artiste » de Marie Lehy, Michel Rossi, Michel Tillie, Père Vianney Arnauld, Editions de Solesmes 2012, 80 p. 11 euros.
« Un moine imagier : Dom André Bouton : de l’imagerie populaire au livre de luxe » de René Saulnier, in « L’artisan et les arts liturgiques » N°1, XVIIIe année, 1949.

Article publié dans la revue Una Voce n°338 de Septembre – Octobre 2022

Que se passe-t-il au long de ce parcours ?

Texte original :

À la fin du parcours, mon corps ne veut plus s’arrêter, je suis euphorique et peut encore continuer à courir beaucoup plus longtemps que prévu. Mon jeune frère qui est chirurgien orthopédique me parle toujours de prothèse quand je n’arrive plus à marcher. Mais je cours toujours, jusqu’à quand ? Je ne sais pas, mais je continue.

Notre proposition :

Que se passe-t-il au long de ce parcours ? Plus j’avance, moins je veux m’arrêter car l’euphorie monte, et avec elle l’envie de continuer à courir au-delà de ce que j’avais prévu. Je cours, et m’interroge sur la proposition de mon jeune frère, chirurgien orthopédiste, de me faire poser une prothèse le jour où je n’arriverai plus à marcher ! Ce jour n’est pas encore venu et me semble loin !

C’est la faute à Rousseau

La rentrée est sans pitié pour les hommes… « il y a les femmes avec qui l’on sort, et celles avec qui l’on rentre » disait ce grand connaisseur de Sacha Guitry. Avec quelle femme sortir, avec quelle femme rentrer, de nos jours ? Reconstruites (mais de travers) au prix de la déconstruction du mâle honni, elles ne donnent envie, ni de sortir, ni de rentrer. Que de tragédies mentales se cachent sous, par exemple, la contestation du barbecue (autour duquel on a passé de si bons moments cet été, de belles pièces de viande parfaitement cuites sous la surveillance d’un mâle, bien sûr, car lui sait manier le feu depuis la préhistoire). Très sexy, de plus, l’homme occupé au barbecue. Mais ces dames en voudraient-elles ? Dans ma jeunesse, on disait de nos profs à l’humeur maussade « elle a ses ragnana ». Voilà, elles ont leurs ragnagna tout le temps. Vivement la ménopause. Quoique…

Nous, nous aimons les hommes. Nous aimons Faulkner, le mâle occidental blanc colonialiste qui a écrit : « Les femmes sont merveilleuses. Elles peuvent tout supporter parce qu’elles sont assez sages pour savoir tout ce qu’on doit faire devant le chagrin ou les ennuis, c’est simplement les traverser et en ressortir de l’autre côté ». Et tout autant l’anonyme poète de la Renaissance (celle du XVe siècle, la vraie, pas la frelatée de 2022) et son amour courtois :

O qu’heureux seraient mes esprits,
Qui de son amour sont épris,
D’avoir sa grâce où je me fonde,
Je l’aimerai seule en ce monde

Vous pouvez juger à son œil,
Qu’autre n’a de beauté pareille,
Honneur et sagesse profonde,
Je l’aimerai seule en ce monde

Heureux celui qu’elle aimera,
Car bien vanter il se pourra,
D’être à Diane amie seconde,
Je l’aimerai seule en ce monde

L’amour courtois est au ruisseau, c’est la faute à…