Pierre Henri-Rousseau : les couleurs du sacré

C’est après un noviciat court mais intense, interrompu au bout de trois pour raisons de santé, que Pierre Henri-Rousseau a changé ses projets de vie et évolué vers la peinture, cherchant passionnément ses sujets dans les Écritures dans la lignée des grands maîtres de la peinture religieuse du Quattrocento.

La contemplation : une exigence

Le don pour le dessin et la peinture a été cultivé dès le jeune âge, dans une famille attentive à l’épanouissement spirituel des sept enfants dont il est le benjamin, et avec la paternité artistique de son arrière-grand-père, Henri Rousseau « l’orientaliste » (1875- 1933)1.
Comme lui, Pierre Henri-Rousseau a commencé des études de droit. Mais il les a interrompues pour entrer au noviciat de l’Abbaye du Barroux, à l’âge de 20 ans. C’est pendant que ce noviciat que Pierre Henri-Rousseau a appris, embrassé et approfondi la contemplation, qui nourrit toute son œuvre d’aujourd’hui.
Pendant le temps de convalescence nécessaire après la déclaration d’une maladie qui l’obligé à quitter le monastère, il s’est initié à la restauration de tableaux, activité correspondant à ses goûts, à Lyon où il a été accueilli le temps de sa formation par un prêtre du diocèse.

Ces trois années d’études à l’Atelier de la Renaissance confirment son talent de création, qui prend vite le pas sur celui de restaurateur. Avant même d’avoir terminé ses études, Pierre Henri-Rousseau reçoit des commandes d’amis : des commandes privées, notamment des portraits, des restaurations, des tableaux d’oratoires déjà, et une commande décisive : la copie du « couronnement de la Vierge » de Fra Angelico.

Les commandes de la Providence

« mes commandes me viennent par la Providence » aime commenter Pierre Henri-Rousseau, qui a d’abord cherché son style, auprès de Fra Angelico, avant d’aboutir à sa marque personnelle, « réaliste-symboliste », avec des références à l’enluminure médiévale. Ainsi furent réalisés un retable d’autel pour l’église de Morzine, un autre pour l’église saint Marc de Toulouse, sur commande du curé,un tableau d’oratoire pour la Paroisse Saint Georges de Lyon où Pierre Henri-Rousseau est membre de la schola grégorienne, une fresque pour le pour la Chapelle des missionnaires de la Miséricorde, et en suivant pour le Séminaire de la Castille, puis pour la petite église romane Saint-Cyr Sainte-Julitte de Canohès (Pyrénées Orientales), sa région natale.
La fresque et la tempera sur bois sont les techniques préférées de Pierre Henri-Rousseau. La fresque (de l’italien a fresco désignant la technique de peinture sur un enduit tant qu’il n’est pas sec, ce qui exige de finir dans la journée une œuvre commencée le matin, sans repentir possible) pour la qualité de ses couleurs, et la tempera qui, associée au travail de la feuille d’or, convient bien aux retables.

Et la proposition sans doute la plus habitée de foi est celle par laquelle l’artiste guide le choix en enrichissant l’idée préalable du commanditaire, en valorisant le ou les sujets qu’il a choisis, en mettant en forme la commande dans le style et les éléments auxquels il tient.

Le style « figuratif-symboliste » qui est désormais la marque de Pierre Henri-Rousseau est réellement habité par la contemplation et l’énergie qu’il met à faire vivre la Parole dans ses couleurs. Aude de Kerros l’a qualifié avec pertinence de peintre « idéaliste » dans le sens d’une vision idéale du monde divin.

Les Toiles du matin

Le nom commercial de l’atelier de Pierre Henri-Rousseau a été choisi en référence aux Écritures, d’une part l’« étoile du matin » clarté naissante dans les ténèbres de la nuit pascale, et d’autre part l’« étoile du matin » qui fait référence à la Vierge Marie. Il y présente son travail, ses commandes en cours et ses projets.

Pierre Henri-Rousseau a récemment exposé au festival d’art sacré de Rillieux-la-Pape (Rhône) et anime aux côtés d’un musicien et d’un philosophe un cycle de conférences sur l’art (https://www.youtube.com/watch?v=e7ox4TdJw_o&t=10s)

Nous recommandons la visite, pour sa clarté et sa beauté formelle, du site lestoilesdumatin.fr. On y touche de l’œil et du cœur combien l’artiste applique son principe : le pinceau est guidé par la certitude que la Beauté, surgie de la contemplation des mystères de la Foi, mène à Dieu.

Article à paraître prochainement dans la revue Una Voce.

  1. Né au Caire, second Prix de Rome en 1900, il voyagea et peignit beaucoup en Europe et en Afrique du Nord. Contrairement à lui, Henri Rousseau (1844-1910), dit « Le douanier » dont le surnom passé à la postérité vient de son emploi à l’octroi de Paris, où il contrôlait les entrées de boissons alcoolisées, ne voyagea jamais hors de France : il s’inspira pour ses paysages de jungle de revues de botanique et de visites au Jardin des plantes et au Jardin d’Acclimatation de Paris.